Tout passe par le langage entre "O" et Justine.
D'après Paulhan, Histoire d'O, roman dit érotique ressemble d'avantage aux romans sentimentaux qu'à la pornographie. Il s'emerveille, dans sa préface à ce roman de sa "décence".
En effet, dans Histoire d'O, le vagin est invariablement appelé " le ventre" et l'anus "les reins", le pénis "le membre" ou au pis "la verge" ; seuls les instruments de torture sont décrits dans le détail par leurs noms véritables.
Quand à la pornographie "sans mérite littéraire" destinée avant tout aux hommes, l'emploi fréquent des mots obscènes trascrits en toute lettre est de rigueur. Nous pouvons ouvrir le livre à n'importe quelle page et en recevoir le choc sensuel sans travail d'imagination et sans attente... Un fait lexical demeure constant : c'est la pauvreté du vocabulaire de la jouissance féminine. Nul auteur n'illustre cette carence mieux que Sade. En effet, ses libertines baisent et parlent eactement comme ses libertins.
Elles affirment toutes "bander" et "décharger", de préférence en suppliciant d'autres femmes.
- "Et vous Madame, bandez-vous en voyant souffrir ? ..."
- "Vous le voyez monsieur répondit la tribade en montrant le bout de ses doigts inondés de foutre de son con."
La jouissance physique n'est pas masculanisée par la violence physique, elle l'est par la violence verbale. Les blasphèmes et les mots orduriers accompagnent presque toujours l'orgasme des personnages sadiens :
- "J'inonde les lèvres et le gosier de ma suceuse, qui elle même lance des torrents dans la bouche de Laurette. Flavie se joint bientôt à nous, et la charmante libertine perd son foutre en jurant comme un charretier." (histoire de Juliette).
PS. C'est quand même à Sade que va ma préférence...
D'après "Mosaïque de la pornographie" Nancy Huston