L'herbe est plus verte ailleurs.
Cool les week ends, ceux qui ont pour habitude de faire joujou avec Internet depuis le bureau en semaine, n'osent pas ouvrir leur PC devant femme et enfants. Les weblogs SadoMaso ne font pas très sérieux en famille avant le poulet roti, ou après le cigare... ce qui en résulte des passages beaucoup plus rares. Aujourd'hui dimanche, profitant de cette accalmie, je peux sans crainte de passer pour plus perverse que je ne le suis en réalité... me lâcher et faire une petite confidence sans conséquence. Et tant pis, pour ma réputation de Domina, déjà bien déplorable, parce que je n'applique pas les lois, ou alors parce que je crée les miennes, et que je ne me range pas parmi les brebis du corps défendant BDSM, qui suivent le troupeau (je préfère écouter le loup)... tant pis oui, tant pis !
Quand je vivais à Paris (mais non Manioc, je ne fais pas ma crise de Parisianisme), j'avais de nombreux jeunes amis entre 25 et 35 ans. Attention, des jeunes des beaux quartiers (cette précision pour la suite) hein ! même qu'ils parlaient philosophie, littérature, psychologie, sexualité, cinéma, musées et chocolat...même que parfois c'était prise de tête... avec de grands auteurs... attention, hein ! Bon je vous l'accorde, parfois on évoquait Amélie Nothomb aussi... et Marc-Edouard Nabe, mais ça c'était pour la récréation. Il nous arrivait parler SM... toujours avec références littéraires.... et aussi, il nous arrivait de piquer de grosses crises de rigolades. Faut pas croire, les intellectuels savent rire aussi.
Tout ceci pour dire que mes jeunes amis ignoraient qu'à coté de Paris, certains autres jeunes vivaient dans des départements aux chiffres étranges - 92 - 93...
Rhâââââ... Il s'en passe de drôles de choses en banlieue. Voitures incendiées, attaques en série, trafic de drogue...
Et bien moi, j'aimais bien de temps en temps, fumer un joint dans cette ambiance... Que celui, celle, qui n'a jamais fumé, me jette la première pierre (sans viser la tête, mon cul est plus réceptif). J'embrasse tous ces jeunes et je leur dis qu'ils me manquent terriblement, même si je reste en contact. (Vive Internet ).
Ici, c'est plus difficile de trouver de l'herbe, de la bonne... pas frelatée. Je me suis donc rendue dans le quartier chaud de la ville. Je me suis approchée d'un jeune en survêtement, capuche sur la tête. Je venais le voir échanger avec un autre à capuche (je me suis dit que c'était leur dress-code) un petit paquet qu'il sortait de sa poche, contre de l'argent..
Soit je m'y suis mal prise, soit je n'avais pas le dress-code, ou une coiffure trop sévère. Faut dire aussi que je pouvais être sa mère. Il m'a prise pour un flic "moi m'dame, j'ai rien, j'ai rien !" "mais je vous ai vu là à l'instant" "non, j'ai rien fait m'dame !" en faisant le geste de tâter ses poches... Je me promettais de revenir en latex, cravache à la main, et maquillée comme un camion volé.
Dépitée, parce que ce soir là, j'avais envie de rêver... je m'en retourne dans ce petit pub, où je retrouve d'autres jeunes... Je raconte ma mésaventure à Morticia de la famille Addams, les piercings en plus... Un clin d'oeil, et la voilà qui sort tout son attirail... Quelques minutes plus tard, on se passait le joint. Ceux d'à coté rapprochaient leur table (nous étions en terrasse, inutile de le préciser), pour profiter de l'aubaine.
Morticia se lance dans une grande tirade que je ne comprends pas. Une heure après, la remerciant bien chaleureusement, je lui dis que je dois rentrer... La voilà qui m'engueule "Ah tu t'en vas !" (deux fois) sur un ton, que je sentais bien sans appel... Je n'insistais pas, des fois qu'elle faisait un mauvais trip, alors que moi j'avais plutôt envie de rire. Je lui faisais quand même une bise.
Le lendemain, je demandais à une fille présente la veille, pourquoi Morticia m'avait saluée sur ce ton.
"Ben, elle voulait t'en donner un sachet". Je n'ai pas revue Morticia.
Voilà ma petite histoire de Dom vraiment pas sérieuse... Mais on est entre nous, un dimanche. Ca m'a amusée d'en parler.
Illustration ici